Le principe de la gestion différenciée des réserves consiste à ne pas traiter de la même manière l’ensemble des réserves. Il s’agit d’adapter le mode d’entretien de chaque espace vert en fonction de ses usages et de ses caractéristiques. Des interventions moins systématiques et plus personnalisées des réserves permettent, entre autres, de garantir un Parc plus équilibré, plus résistant, et moteur de la biodiversité.
Dans le Parc, on peut distinguer trois types de gestion adaptée à trois types d’espaces principaux : les pelouses arborées, les réserves où le fauchage est annuel et enfin, les réserves de type « sous-bois ».
Différentes fauches pour différents endroits
Les pelouses arborées
Les pelouses des avenue Albine et Eglé sont des zones d’agrément très fréquentées qui doivent rester agréables pour tous tout au long de l’année. Il est donc nécessaire que la tonte y soit régulière et l’arrosage fréquent : l’herbe y reste rase et accueillante.
Il existe également des réserves, par exemple près des écoles ou celle du Cheval de Bronze, qui sont tondues plusieurs fois par an (de 3 à 4 fois) car elles sont composées en pratique de grandes pelouses. Les fleurs ont disparu car les passages des tondeuses comme des promeneurs y sont fréquents. Il s’agit en pratique, de petites parcelles, où la priorité doit rester la sécurité, notamment pour la visibilité des automobilistes et des piétons.
Le fauchage annuel
La plupart des réserves sont fauchées 1 à 2 fois par an, afin de limiter les plantes peu propices à la promenade, telles que les ronces ou les orties, mais également pour faciliter l’accès à l’intérieur de la réserve en cas, par exemple, de chute d’arbre. Ces fauches vont de pair avec un élagage des branches basses permettant de créer une voûte relativement élevée facilitant la promenade. De plus, une fauche annuelle favorise la germination des graines en permettant aux plantes comme les carottes sauvages, les cyclamens ou les crocus d’apparaitre à chaque saison.
Les « sous-bois »
Enfin, les réserves de type « sous-bois » sont souvent les plus éloignées et les plus « sauvages » c’est à dire dénuées de toute intervention humaine et où la nature agit en général seule. Les arbres morts sont laissés sur pied (aucun camion ou ouvrier ne pourrait d’ailleurs les atteindre) et le bois mort est laissé au sol. Ils servent ainsi de refuges aux oiseaux cavernicoles. Ils participent également à former un habitat et à nourrir de nombreux invertébrés. Ces arbres morts continuent donc à appartenir et même à enrichir l’écosystème du Parc.
Choisir le mode de gestion, un numéro d’équilibriste
Il faut savoir que pendant des décennies, l’ensemble des réserves du Parc étaient des sortes de « sous-bois » : aucun entretien n’était réalisé. D’ailleurs, au milieu du XXème siècle, un are de réserve comptait environ 50 espèces de plantes ; aujourd’hui on n’en comptabilise plus que dix à vingt. Le sol y est souvent trop enrichi et donc peu propice à la diversité floristique.
Puis, au début des années 1970, les résidents ont commencé à se plaindre de ces réserves qui étaient devenues de véritables « caches-coquins » : en effet, les gens ne s’y sentant plus en sécurité, ils n’y mettaient plus un pied ! Les vingt ouvriers employés par l’ASP à cette époque ont alors commencé le long et fastidieux travail de défrichage et de déracinement dans ces réserves afin de permettre une fauche régulière, et de créer des « clairières ». Cette tâche prendra plus de dix ans pour donner au Parc l’aspect qu’on lui connait aujourd’hui.
Depuis 5 ans environ, l’ASP a mis en place une gestion plus « souple » de certaines réserves : la fauche n’est plus systématique et les arbres morts sont laissés sur place s’ils ne nuisent pas à la sécurité. C’est le cas par exemple des réserves autour de la place Napoléon, où l’on voit que les ronces ont peu à peu pris la place de la « prairie » en envahissant la parcelle et que les arbres sont laissés libres de se développer sans aucune taille.
Changer de regard…
Les mauvaises herbes sur les banquettes ou dans les réserves ne sont pas signe de négligence, mais au contraire d’un souci d’exigence vis-à-vis de l’environnement et de la santé de tous ! Ne dit-on pas d’ailleurs qu’une mauvaise herbe est une plante dont on n’a pas encore trouvé les vertus ?
La règle générale dans le Parc reste cependant le fauchage annuel des réserves. En effectuant une fauche différenciée, d’autres plantes ont la possibilité de se développer. De plus, comme les résidus de fauche ne sont pas ramassés, ils permettent eux aussi d’enrichir les sols. Il arrive alors de voir pousser des orties qui nourrissent davantage les insectes que l’herbe rase et sont essentielles par exemple, à la survie et la reproduction des papillons. Cette technique permet également de redécouvrir des fleurs sauvages. La fauche différenciée et annuelle permet donc de favoriser la biodiversité aussi bien à l’échelle végétale qu’au niveau des insectes qui constituent le repas de beaucoup d’oiseaux.
Il est à noter que cette pratique permet également de faire des économies, puisque les interventions sur un même espace sont moins nombreuses.
Préserver notre environnement est l’affaire de tous. Dans vos jardins, laissez également place à la nature en la laissant faire !