Abeilles et tilleuls dans le Parc

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Tilleul-abeilles-Parc

Ces dernières semaines, vous avez peut-être observé le grand nombre d’abeilles retrouvées mortes le long de certaines avenues du Parc, et notamment les avenues Eglé et Albine. Il semblerait que ce phénomène puisse s’expliquer par la très grande concentration de tilleuls argentés et cordata, sur ces avenues. En effet, plusieurs théories scientifiques semblent affirmer que les fleurs des tilleuls possèdent un nectar composé d’un sucre de type mannose qui aurait un effet accumulateur et narcotique sur les abeilles. Ainsi, en butinant leurs fleurs, elles deviendraient somnolentes, incapables de voler, ce qui finirait par les paralyser. Une théorie alternative avance l’hypothèse que, dans certaines conditions telles que le déficit hydrique ou une chaleur importante, le nectar produit par les fleurs du tilleul argenté ne serait pas assez abondant. En essayant de se nourrir, les abeilles tomberaient alors d’inanition suite à l’épuisement qu’elles accuseraient pendant cette maigre récolte.

Une question évidente pourrait alors se poser… pourquoi avoir planté tant de tilleuls sur ces avenues ? C’est André Le Nôtre, jardinier du Roi Soleil, qui avait imaginé, dès 1662, ces grandes allées de tilleuls le long des routes et de toutes les allées royales de châteaux. Afin de poursuivre cette tradition, les mêmes essences ont été plantées pour tracer les avenues menant au Château de Maisons.

En 1999, un grand nombre des tilleuls plus que centenaires, accusaient leur âge, à un point tel que, avenue Eglé, la question de leur sécurité est devenue préoccupante. Certains avaient été abattus en urgence, nuisant alors fortement à l’homogénéité de l’alignement. Les conséquences de la tempête de 1999, suivie par celle de juillet 2000, avaient perturbé le plan de replantation. C’est donc en 2002 que ce projet d’envergure a débuté : 280 arbres abattus, 315 dessouchages, 293 replantations, l’installation de l’arrosage automatique, la réfection complète du gazon et enfin le reprofilage de l’allée. Après consultation des propriétaires lors de l’Assemblée Générale de 2002, le choix fut fait de perpétuer la tradition historique et de replanter des tilleuls : 230 sujets d’espèce « cordata greenspire », considérée comme la mieux adaptée à la sécheresse de notre sol ont ainsi été replantés.

L’ASP ne plante plus de tilleul argenté depuis plus de 10 ans. Il ne reste donc que les sujets plantés avenue Albine, entre la Place du Château et la Place Marine. Toutefois, pour des raisons évidentes d’esthétisque et de préservation des alignements, nous remplaçons systématiquement les tilleuls malades ou dangereux par des tilleuls de la même espèce.

La responsabilité des tilleuls argentés dans la mort des abeilles et autres insectes est toutefois à nuancer. D’une part parce que les butineurs sont en présence d’un très grand nombre d’autres espèces mellifères dans le Parc : érables sycomores, saules cendrés, sophora du Japon, acacias, amélanchiers, érables planes, féviers d’Amérique, marronniers blancs, et pommiers d’ornement arborent nos avenues et réserves. D’autre part, bon nombre d’études scientifiques viennent remettre en cause la toxicité des tilleuls pour les butineuses. En effet, les tilleuls représentent l’une des espèces produisant le plus grand nombre de fleurs (10 000 à 40 000 fleurs par m3 de canopée) ; or ces millions de fleurs offertes par les arbres attirent les insectes par centaines, expliquant pourquoi on retrouve plus d’insectes à leurs pieds qu’à ceux d’autres espèces. De plus, la durée de vie d’une butineuse est courte or certains tilleuls, et notamment la variété « argenté », fleurissent très tard dans la saison. Les insectes retrouvés morts seraient ainsi simplement… vieux ! La réponse à l’énigme des insectes retrouvés morts sous les tilleuls n’est donc toujours pas certaine, mais on pourrait avancer l’explication suivante : les tilleuls étant plantés en site urbanisés et plus particulièrement le long des avenues, sans grande végétation au sol, les insectes morts sous leur canopée seraient tout simplement plus visibles qu’au beau milieu des réserves !

abeilles fleurs parc

Enfin, la commission Environnement et Développement Durable se penche sur la question des abeilles dans le Parc, et plus précisément le sujet complexe de l’apiculture dans le Parc, depuis maintenant un an. Au printemps dernier, 3 apiculteurs avaient fait une demande d’emplacement dédié afin d’y installer un nombre limité de ruchers, demande pour laquelle l’ASP avait donné son accord. Toutefois, trouver un tel espace n’est pas simple. Il faut, en effet, une surface de 300 à 500 m² pour 4 à 5 ruches, suffisamment éloigné des habitations, des zones de passages fréquents ou de chevaux. D’autre part, il faut que l’espace soit clôturé afin de prévenir du vandalisme ou du vol. L’ASP étudie actuellement la meilleure solution pour trouver un espace répondant à ces critères. 

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