Les écuries dans le Parc de Maisons-Laffitte

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Si le paysage du Parc de Maisons-Laffitte se caractérise souvent par la qualité architecturale de ses villas, il se distingue aussi par le nombre de ses écuries. Le Parc est en effet, dès les dernières décennies du XIXe siècle, le deuxième centre d’entraînement de chevaux de course en France. Cette implantation remonte au comte d’Artois, qui fit venir dans les écuries du château de Maisons, des chevaux anglais accompagnés d’un personnel qualifié.

Les premières écuries d’entraînement

Avec la construction successive des hippodromes s’ouvre dans le Parc une période d’intense activité de construction d’écuries d’entraînement qui vont alors rivaliser avec celles de Chantilly. Cette implantation est rapide : si on recense 154 chevaux en 1880, il y en a 1 954 en 1931 ! Par ailleurs, l’annuaire hippique de 1920 permet de recenser 90 entraîneurs à Maisons-Laffitte dont plus de 50 travaillent dans le Parc. Parmi eux figurent quelques noms de renom, à leur compte ou au service de riches propriétaires comme l’Agha Kan, Henry Say, Marcel Boussac, le baron Maurice de Rothschild, le compte Arthur de Rivaud ou encore les milliardaires américains Frank Jay Gould et William Kissam Vanderbilt.

Pour les établissements d’entraînement qui s’installent dans le Parc, l’implantation dans la parcelle est régie par le Cahier des Charges de 1834, toujours en vigueur. Ainsi, l’interdiction de construire à moins de 6 mètres 49 des voies oblige les architectes à éloigner des bordures les hautes façades des écuries qui s’en trouvent dépourvues de décors. Si les plus élégantes sont marquées par un portail monumental, on ne peut découvrir les qualités architecturales de nombre d’entre elles qu’en pénétrant dans leur cour.

L’architecture des écuries du Parc

Outre les boxes, les écuries d’entraînement possèdent des selleries, buanderies, remises à fourrage et à avoine, lieux de préparation de la nourriture et chambres des lads ou garçons d’écuries. A ces locaux, on peut ajouter la maison de l’entraîneur, le plus souvent la maison préexistante sur la parcelle, situé au milieu de la cour. Il y a enfin les espaces non aedificandi ; une cour centrale sablée ou gazonnée, un ou plusieurs paddocks et enfin une zone de dépôt des fumiers et purins, placée en général à l’entrée de la cour pour une meilleure évaluation.

Les styles adoptés pour les écuries reprennent ceux de l’architecture de la villégiature pour les matériaux, la mise-en-œuvre et le décor. Aussi, la majorité des édifices dans le Parc est en brique associée le plus souvent à de l’enduit ou des pans de bois. Il semble également qu’un certains nombre d’écuries aient été construite en bois dans les années 20 mais il n’en reste cependant qu’un seul exemple dans le Parc, avenue Méhul.

Ecurie avenue Méhul

Les écuries remarquables

Les écuries du comte de Clermont-Tonnerre

Elevées par l’architecte Louis Granet entre 1894 et 1895 sur la parcelle à l’angle des avenues Vergniaud, Wagram et Eglé, ces écuries sont marquées par l’empreinte « régionaliste » des constructions de l’époque. Les vingt-deux boxes et la maison sont traités comme un ensemble : bâti en meulière avec des rehauts de brique rouge, pans de bois dans les parties hautes, lucarnes passantes, tous les codes du style normand sont là ! Aujourd’hui cette écurie est découpée en logements individuels mitoyens.

Les écuries 5 avenue La Fontaine

Le 5 avenue La Fontaine est un autre établissement du Parc présentant un bel ensemble cohérent « boxes et maison ». Placé au centre, la demeure abritait remise et logement à partir de laquelle on pouvait assurer la surveillance de la cour, aujourd’hui occupé par un jardin. Les motifs sont utilisés pour la maison et les boxes : élévation en brique claire et décor de brique rouge formant une frise sur le haut du soubassement. 

Ecurie du baron Waldner de Freudstein

Les écuries du baron, situées 8 avenue Marengo ont été réalisées par Raquin, architecte de l’hippodrome du Tremblay et de Champigny sur Marne. La mise en œuvre est d’ailleurs reprise quasiment à l’identique à Maisons-Laffitte : soubassement en meulière surmonté de façades de briques de Mantes bicolores formant un motif en damier. Raquin, au fait des réflexions sur l’architecture hippique qui se formalisaient au début du siècle, ne laissa rien au hasard ! Cette construction fut alors un bijou de modernité et de style ! L’ensemble sera racheté en 1920 par Marcel Boussac, un des plus grands propriétaires d’écuries de course en France.

Ecurie de « l’Agha Kan »

Contrairement à ce que l’on pense, ce n’est pas le Prince qui fait construire l’imposant ensemble qui se trouve entre les avenue Beaumarchais, Boileau et Racine. Dès sa construction en 1906 par Joseph Lieux, un célèbre entraîneur, il est considéré par ses contemporains comme un établissement considérable qui contribue à l’embellissement du quartier. Les deux corps de bâtiments à double exposition contiennent chacun 30 boxes s’ouvrant sur une cour fermée par un haut mur élevé de pilastres. Le motif du damier est également présent et s’inspire de l’hippodrome de Saint-Cloud. Outre ses qualités esthétiques, cette écurie présente un grand confort pour les chevaux, notamment grâce à la taille exceptionnelle des boxes.

Le Parc : cohabitation entre villégiatures et écuries

L’activité hippique au sein du lotissement Laffitte n’est pas toujours appréciée par les adeptes de la villégiature. C’est pour cela que, dès la fin du XIXè siècle, l’ASP et la municipalité, mettent en place un certain nombre de règlementations qui visent à encadrer les déplacements des chevaux. Hormis pour quelques trajets autorisés, la circulation hippique dans le Parc est même interdite en dehors du circuit spécifiquement prévu pour emmener les chevaux à l’entraînement !

Le réseau d’allées cavalières qui conduit au centre d’entraînement ainsi qu’à la forêt de Saint Germain présente bien évidemment un grand attrait pour les entraîneurs et propriétaires de chevaux. C’est, aujourd’hui encore, une part importante de l’identité du Parc et de la cité du Cheval.

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