L’église du Parc : Notre-Dame de la Croix

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A l’approche du dimanche de Pâques, fête la plus importante du christianisme, commémorant la résurrection de Jésus, nous voulions revenir sur la construction de l’unique église du Parc de Maisons-Laffitte : l’église Notre-Dame de la Croix.

C’est la construction de 400 logements au cours des années 50 qui voit arriver près de 2 500 habitants dans le Parc : la résidence la Coloniale, le groupe Desaix, le 48 Eglé (le club du Parc), le Square Lekain ou encore la Résidence Eglé. Ces nouveaux résidents, pour la plupart catholiques, manifestent alors un fort souhait de voire s’ériger un lieu de culte à proximité de leurs résidences.

Les trente arpents : lorsque l’Assemblée des propriétaires autorisait la construction d’une chapelle

C’est au courant de l’année 1958 que, pour la première fois, monsieur le chanoine Favre, curé de Maisons-Laffitte, formule la demande auprès de l’ASP. C’est au nom de l’association diocésaine de Versailles, et donnant suite à plusieurs pétitions de paroissiens, qu’il sollicite l’ASP afin d’être autorisée à faire élever, à ses frais mais sur une réserve du Parc, une chapelle destiné à l’exercice du culte catholique « dans une partie du Parc où la population a(vait) fortement augmenté ». Au départ, la demande est formulée afin d’établir un bail locatif entre l’ASP et le diocèse.

A cette époque, il n’existait dans le Parc qu’une petite chapelle, située avenue de La Rochefoucauld, qui était dans un état vétuste voir dangereux et dont l’exiguïté en faisait un édifice ne répondant plus aux besoins de culte.

Après un vote en conseil syndical, il est décidé de porter la question lors de la prochaine assemblée des propriétaires, le 5 juillet 1959. Le Président de l’époque, Monsieur Huillet, justifie alors l’acceptation de la demande par une clause du Cahier des Charges de Jacques Laffitte : « M. Laffitte se réserve la faculté de faire ou laisser faire, pour l’agrément général, dans la partie réservée, des établissement disséminés, tels que bains, salle de danses, laiteries et autres sur une étendue qui ne pourra dépasser trente arpents ». Le Président, dans sa présentation du projet aux associés, avait ajouté que « le plan qui lui a été soumis laisse apparaître une chapelle à l’architecture simple mais soignée, qu’elle est d’un aspect fort agréable, et qu’elle serait de nature à embellir le quartier et, en tout état de cause, ne nuirait en rien aux perspectives du Parc ».

Croquis de l’église Notre-Dame de la Croix

Le Président soumet alors au vote de l’assemblée des propriétaires une résolution qui comprend les mentions suivantes :

  • Le terrain sera désigné par le conseil syndical et devra se trouver proche du groupe scolaire Colbert
  • Les plans ou maquettes de la construction à élever devront être soumis au conseil syndical
  • La charge des autorisations administratives nécessaires à la construction de l’édifice, les frais de construction et d’entretien, tout comme les impôts et taxes, sont à la charge de l’association diocésaine.
  • L’ASP reste propriétaire du terrain, aussi le diocèse ne pourra démolir et/ou transformer la chapelle sans autorisation préalable
  • La chapelle construite sera réservée à perpétuité à l’exercice du culte catholique

Il a été compté 144 « OUI » et 9 « NON » lors du vote. La résolution a donc été adoptée.

Ce sont les réserves portant le numéro 80 et 81 (parcelle cadastrée AR 31), séparées par l’avenue Labédoyère qui sont choisies pour l’implantation de l’église.

« Ce sont des hommes qui construisent les maisons de Dieu » : édifice de l’église Notre-Dame de la Croix

Le choix de cette église, à l’architecte relativement moderne pour l’époque fait grand débat au sein du conseil syndical : les lignes épurées et allongées du bâtiment ne sont pas sans déplaire à quelques syndics qui refusent de voter en faveur des plans architecturaux transmis par le diocèse. De nombreux échanges ont alors lieu entre le diocèse, l’ASP et l’architecte.

Aménagement de la parcelle AR 31

Finalement la décision est prise, l’architecte est choisi, Monsieur Barniaud, tout comme le maître-verrier, Monsieur Ripeau. Pour ce qui est de la réalisation, c’est l’entreprise Gilbert Coutant, à l’avant-garde de la construction à Maisons-Laffitte, qui décroche la maîtrise d’œuvre.

Cette entreprise, située 8 rue de la Maison Neuve, est une entreprise familiale, qui avait commencé son activité à Saint-Malo en 1944. Elle a par ailleurs construit de nombreux bâtiments historiques, dont la chapelle commémorative américaine de Saint James (Manche). C’est également cette entreprise, dirigée par Monsieur Coutant, qui avait, quelques années plutôt, construit le groupe Colbert. Reste à trouver les fonds… Un appel au don est lancé dès 1961 par la paroisse mansonnienne, ainsi que le diocèse. A ce moment « seul un petit million (de francs) » se trouve dans les caisses du Comité Paroissial. Il manque donc 29 millions de francs ! La majeure partie de cette somme sera trouvée grâce à la vente d’un terrain sportif, rue du Tir, à la municipalité. Ville et paroisse avaient alors fait une bonne opération : la municipalité récupéra le terrain pour y construire des logements, et la paroisse la somme suffisante pour lancer les travaux de construction. Enfin, il est à noter que monsieur le comte de Rochefort, alors président de la Société des Courses, avait apporté une importante participation pour l’édifice de ce « petit chef d’œuvre d’art moderne » dont il était très friand.

De la pose de la première pierre dans le Parc à la bénédiction de l’église

Grâce à la presse de l’époque, précieusement conservée aux archives de l’ASP, on peut retracer aisément le déroulé de cette journée, qui fut un grand évènement pour le Parc !

Le 9 avril 1960, « A 15 heures Monseigneur Renard, revêtit aussitôt ses vêtements sacerdotaux. Et le rituel commença par la bénédiction de l’eau et du sel, pour l’aspersion de l’emplacement futur de l’autel, marqué d’une simple croix de bois ». Au sol, avait été tracés à la chaux les pourtours et les limites des diverses parties de la future église. Monseigneur Renard bénit ensuite la première pierre (dans l’angle gauche, côté évangile) et grava au poinçon une croix sur chacune de ses faces. « Le temps a été tout juste clément pour la durée de la cérémonie ». Après quoi il scella dans cette pierre un tube contenant les documents de « fondation » de la chapelle : un parchemin béni et une pièce de monnaie du millésime 1960.

Bénédiction de la première pierre par Monseigneur Renard

 A 17 heures, avait lieu la bénédiction de la chapelle Notre-Dame de la Croix par son excellence monseigneur Renard, évêque de Versailles. La bénédiction fut suivie de la première Messe à 18 heures, « les prières et les chants étaient retransmis par deux haut-parleurs. ». Auprès des prêtres et membres du clergé de Maisons-Laffitte, le conseil municipal et le conseil syndical étaient largement représentés.

Il ne faudra pas moins de 2 ans pour achever la construction.

Nous sommes le 1er avril 1962 lorsque la bénédiction de l’église, et la première messe eurent lieu.

« Une très émouvante cérémonie s’est déroulée avenue Eglé, dans le Parc de Maisons-Laffitte ». La cérémonie commença par une procession avenue Eglé, puis par une bénédiction au-devant de l’église, avant de se conclure à l’intérieur de l’édifice par une messe.

Procession avenue Eglé

Sept cents personnes étaient venues assister à la cérémonie, les cinq cents chaises placées dans l’église n’avaient donc pas suffi ! Plus de deux cents personnes avaient dû rester debout, placées jusque sur le parvis. Monsieur Cate, président du Syndicat du Parc lorsque la première demande avait été formulée par Monseigneur Renard, accompagné de Monsieur Huillet maire de Maisons-Laffitte et nouveau Président de l’ASP, était aux premières loges et fut chaleureusement remercié pendant la messe. Quelques mois plus tard, le chanoine Georges Frichot fut nommé curé de Notre-Dame de la Croix.

L’église fut le dernier lieu de culte catholique construit à Maisons-Laffitte qui en dénombre trois : Saint Nicolas, Sainte-Thérèse et Notre-Dame de la Croix. Un office y est célébré tous les dimanches à 10 heures. Tous les ans, elle est le lieu de nombreux enterrements, baptêmes, mariages et communions.

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